Anecdotes 



 





> L'école

Quelle était votre matière préférée ?
J'en avais deux. Arts plastiques et sport.

 

> Fumer

Qui décide de l'âge à partir duquel un film est autorisé ?  
Ce n'est pas le producteur qui décide mais une commission. Ils regardent le film et choisissent après une limite d'âge. Pour Avatar, il y a eu des problèmes parce qu'on fumait dans le film. C'est pour ça qu'en Allemagne il n'a été autorisé qu'à partir de 12 ans.

Mais on fume toujours dans les films, dans Buena Vista Social Club ils sont tout le temps en train de fumer...
A Cuba, tout le monde fume, surtout des cigares. Là-bas, ça serait même impossible de tourner un film sans que les gens fument.

Est-ce qu'il y a des acteurs non-fumeurs qui refusent de fumer pour un film ?
Je ne demanderai jamais à un acteur non-fumeur de fumer. On ne peut pas demander ça.

On ne pourrait pas donner des fausses cigarettes à la place ?
Ça serait vraiment compliqué. Et les cigarettes à base de plantes sont encore plus mauvaises pour la santé ! Elle sont pleines de goudron !  Il ne faut vraiment pas en fumer...


> Happy-End

Pourquoi vos films se terminent-ils souvent par une fin ouverte - où on peut s'imaginer ce que l'on veut - et non pas par une fin heureuse ?
Ce n'est pas tout à fait juste de dire ça. La plupart de mes films se terminent plutôt bien ! Dans la vie, c'est rare que les histoires se termiment comme au cinéma. C'est pour ça que c'est plus intéressant si à la fin du film les spectateurs s'imaginent eux-mêmes comment ça pourrait continuer.

 

> Bailler

Vos films sont de plus en plus relax et ça nous plaît...
Ça me fait plaisir.

Mais vos dialogues sont un peu longs. C'est votre style de scénario ?
Ils sont interminables, c'est ça ? C'est ce que je pense aussi parfois. J'aime bien aussi quand on ne parle pas du tout. Mais des fois dans mes films un acteur commence à parler, à raconter des choses et puis il ne s'arrête plus. J'en suis bien bien conscient et il faudrait que je perde cette habitude.

Si vous aimez bien ça...
Être à l'écoute de l'autre, c'est quelque chose qui se perd de plus en plus. De nos jours, c'est déjà long quand quelqu'un parle pendant deux minutes. Tout de suite les gens se mettent à bailler, à gigoter ou à aller aux toilettes.

C'est extrême dans Les Ailes du désir. À vrai dire, on avait envie de connaître la fin...
D'une certaine façon, vous avez raison, je le sais bien.


 

> Laisser tomber

Ça vous est déjà arrivé lors d'un tournage de penser à laisser tomber le film ?

Oui, pour Jusqu'au bout du monde. Dèjà dans le titre, on voit que ça nous emmène assez loin. On a tourné le film dans le monde entier, dans quatre continents et dix pays différents. C'était tellement usant que beaucoup de gens se sont retirés pendant le tournage. Même à moi, ça m'arrivait de penser que je n'y arriverais plus. Bon, mais il a finalement été terminé.

 

> L'argent

Si vous voyagez tant, ça doit sûrement revenir cher. Comment vous arrivez à avoir autant d'argent ?

Jusqu'au bout du monde, c'est vraiment le film qui, de loin, a coûté le plus. Je n'ai pu d'ailleurs faire ça qu'une seule fois. En 1990, il a coûté 24 millions de dollars, c'était vraiment beaucoup d'argent à l'époque. Aujourd'hui, un film américain sur deux coûte plus. J'ai mis dix ans pour être capable de le financer et de pouvoir enfin commencer à le tourner.

 

> Du nouveau

Vous êtes en train de tourner un film en ce moment ?
Je suis en train de tourner un film en 3D sur la grande choréographe Pina Bausch, qui vient juste de décéder. C'est le tout premier documentaire en 3D du monde. C'est vraiment passionnant parce que c'est une technique complètement nouvelle. C'est très intéressant autant du point de vue du tournage que du point de vue du montage.

 

> Pas si bien

Ce qui me dérange, c'est qu'aujourd'hui les films qui rencontrent le plus de succès sont de plus en plus ceux dont la fin était prévisible, dont on pouvait tout deviner dès le début. Dans les salles de cinéma, on montre surtout des productions à gros budget et les films à petit budget n'ont pratiquement plus aucune chance. Parfois ils sont à l'affiche pendant une semaine, tout au plus. Le cinéma est devenu queque chose de très éphémère.

C'était autrement avant ?

Oui, c'était très différent. Avant, un film pouvait aussi s'imposer au bout d'un petit moment. Maintenant, tout ce décide déjà au cours du premier week-end et si le film ne rapporte pas assez d'argent, on l'enlève tout de suite des grands écrans. Je trouve également dommage que la culture cinématographique soit devenue dépendante de la publicité et de la promotion.


> L'impossible

The Soul of a Man est l'un de mes films préférés, c'est un documentaire sur trois musiciens de blues morts depuis longtemps. L'oeuvre de ces musiciens fait partie des mes morceaux favoris, et j'ai essayé de leur rendre hommage après coup pour qu'ils puissent encore une fois avoir du succès, même tardivement.

Qu'est-ce qui a été le plus difficile ?

Ce n'est pas facile de tourner un film sur des gens décédés depuis longtemps et dont on n'a parfois même pas une seule photo. On ne sait même pas à quoi ressemblait le plus âgé des trois, Blind Willie Johnson.

1) Le premier, Blind Willie Johnson, a fait un seul enregistrement en studio, en 1928. Tous ses morceaux appartiennent au répertoire du blues. Il est mort dans la plus grande misère, sans même savoir que ses disques seraient un jour produits.

2) Le deuxième, c'est Skip James. Il a fait des enregistrements dans les années 30, sans rencontrer le moindre succès. Il a été redécouvert dans les années 60 alors qu'il était à l'hôpital et qu'il était très pauvre. Il a redémarré une courte carrière avant de mourir.

3) Le troisième vient de Chicago et s'appelle J.B. Lenoir. Il a recontré pendant quelque temps un certain succès mais il est vite retombé dans la pauvreté et a terminé sa vie en tant que plongeur dans les bars, c'est-à-dire qu'il faisait la vaisselle.

 

 

Interview d'Alina, Sidney, André et David 
Le 13 janvier 2010

© Texte et images : Grand méchant loup | Böser Wolf