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Ici, c'est vraiment difficile, mais ça fait plaisir
 

Une interview avec Jamal et Pascal, élèves de l'école d'état de ballet de Berlin

 

 Pourquoi danser? >>>

          Concours d'entrée de l'école >>>

    L'école au quotidien >>>

         Une école spéciale >>>

 Filles et garçons >>>

  Et si vous vous blessez... >>>

          Les spectacles >>>

  Plus tard >>>

 

Pascal et Jamal, 13 ans, dansent depuis qu'ils ont 6 ans. Ils habitent tous les deux à Berlin et vont à l'école d’état de ballet de Berlin.. Ils sont dix garçons dans la classe, et restent en minorité par rapport aux filles.

Pourquoi danser?

Comment vous est venue l'idée de danser ?
Pascal : J'avais déjà dansé sur scène.. Ça m'a tellement plu d'enthousiasmer le public que j'ai décidé d'en faire mon métier.
Jamal : Avant je faisais du patin à glace et à coté on faisait toujours quelques exercices de danse classique pour rester souple. C'est le professeur de danse qui m'a conseillé de me présenter à cette école.

Est-ce que la danse est votre unique passion ?
Pascal : C'est en tout cas ma plus grande passion. C'est tellement varié : on peut faire du ballet, du hip hop, de la breakdance, du folklore... Avec la danse on peut tout exprimer.
Jamal : Pour moi, c'est pareil.


Qu'est-ce que vous maîtrisez le mieux : la danse classique ou la danse moderne ?
Pascal : Je ne sais pas. Il y a des jours, où par exemple, vous n'avez pas envie d'aller à l'école, et vous êtes aussi mauvais en classe. Mais il y a aussi des jours où vous en avez vraiment envie, et là vous êtes aussi meilleur. C'est pareil pour la danse, il y a des jours où on est plus fort là et d'autres jours où on est plus fort autre part.
Jamal : En danse classique, il faut toujours être extrêmement concentré. Il le faut aussi pour la danse moderne, mais c'est plus détendu.

 

Concours d'entrée de l'école

Est-ce que le concours d'entrée était difficile ?
Pascal : Il y avait beaucoup d'exercices auxquels je ne m’attendais pas.. On devait improviser, faire du théâtre. J'ai joué un bandit pourchassé par la police. C'était plus rigolo que difficile.
Jamal : Ce n'était pas si difficile que ça. Si tu fais des efforts, alors ça devient plus facile.

Il y a eu beaucoup d'enfants qui n'ont pas été acceptés ?
Pascal : Il n'y en a eu que 30 sur 100 de pris.


Et comment ont réagi vos amis ?
Pascal : Il y en a toujours qui disent que la danse, c'est pour les filles. Mais s'il n'y avait pas de garçons dans le  "Lac des cygnes", alors il n'y aurait pas d'histoire non plus.


 

L'école au quotidien

Quand commencent les cours ?
Jamal : J'arrive toujours un peu avant 7 heures. Après je me change. Vers 7h30, on va dans la salle de danse et on s'échauffe. À 7h45 commence l'échauffement et à 7h50 l'entraînement.

Combien d'heures de danse avez-vous par jour ?
Pascal : En temps normal, on a école jusqu'à 16 heures. manchmal haben wir Proben und Auftritte und da kann es schon bis 18 Uhr gehen, manchmal sogar bis Mitternacht. Parfois, on a des répétitions et des spectacles, alors ça peut durer jusqu'à 18 heures,  pour certains spectacles même jusqu'à minuit.


Et ça vous fait combien d'heures de cours en dehors de la danse ?
Pascal : Exactement autant que vous. Le truc, c'est que nous, on a les cours de danse en plus. Et on a aussi des cours le samedi.

         

 

Une école spéciale

C'est plus difficile que ce que vous vous étiez imaginé ?
Pascal : Non, je m'y étais préparé.
Jamal : Beaucoup n'ont pas cru que j'y arriverai. Avant, je faisais plein de bêtises et j'étais paresseux. La danse classique m'ennuyait. Mais même si c'est difficile, ça fait vraiment plaisir.


Est-ce que c'est très différent de votre ancienne école ?
Pascal : Dans les autres écoles, tout est un peu plus détendu.
Jamal : Dans mon ancienne école, ils étaient beaucoup plus durs avec moi et ils ne m'aimaient pas trop. Ça me plait beaucoup plus ici.

Filles et garçons

Est-ce que vous avez des cours de danse en commun avec les filles ?
Jamal : Les cours sont toujours séparés car les garçons font d'autres exercices que les filles. Nous, on saute plus, et les filles font plus les pointes.
Pascal : C'est seulement à partir de la 4ème que nous dansons le "Pas de Deux" ensemble, on portent les filles et tout le tralala. Nous, on est maintenant en 5ème.

Vous faites des trucs que les garçons ne font pas normalement comme se maquille ?
Pascal : Moi, je dois me maquiller avant les spectacles parce que sinon mon visage brille. Alors on met de la poudre.


On vous fait parfois des remarques désobligeantes à cause de la danse ?

Jamal : Oui mais on apprend à vivre avec. On ne les entend même plus à la fin.
Pascal : Certains ont un problème avec ça. Mais je vois bien si je peux dire aux gens que je fais du ballet ou non.

Et si vous vous blessez...

Vous pouvez faire ce que les autres garçons font, comme par exemple jouer au football ?
Jamal : On a le droit de jouer, maison n’a pas le droit de se blesser. C'est pour ça que j'ai arrêté le patin à glace.
Pascal : On devait signer un papier comme quoi on ne ferait pas d'autres sports comme le foot, mais pas tous respectent cette règle.


Et ça vous arrive de vous blesser ?
Pascal : Oui, mais nos profs nous disent toujours : « Faites attention à votre corps » !


Que se passe-t-il quand quelqu'un manque parce qu'il est malade ou blessé ?
Pascal : Le problème c'est qu'on progresse dans la matière, et après une longe pause c'est presque impossible de rattraper.

Est-ce que parfois vous en avez assez de la danse ?
Pascal : Oui... On arrive à l'adolescence et beaucoup en ont marre. Mais le sentiment que j'ai quand je monte sur scène me redonne toujours de la force.
Jamal : Ce ns'est peut-être pas toujours une partie de plaisir, mais on se dit « je dois être meilleur qu’hier » et là on fait des progrès.

Les spectacles

Est-ce que vous avez déjà fait des grands spectacles ?
Pascal : Oui, beaucoup ! Tous les deux, on a déjà dansé dans "Casse-Noisette" à l'opéra. On est même payés pour ça. Sinon, on a très souvent dansé "Le Songe d'une Nuit d'été" et la "Mazurka des enfants". Probablement plus de 20 fois.


Est-ce que vous aviez le trac ?
Pascal : Quand on a des nouveaux morceaux, je suis très nerveux.
Jamal : Généralement je n'ai pas trop le trac, juste deux minutes avant que ça commence. Et puis après ça passe. Une fois j'ai oublié un pas, et ça a un peu mal tourné...


Comment s'est déroulé votre premier spectacle ?
Pascal : Je savais que je dansais devant des milliers de spectateurs, mais je ne les voyais pas du tout, comme s'ils n'avaient pas été là.

Êtes-vous meilleurs que les autres élèves ?
Pascal : Je ne pense pas. Le professeur dit toujours que tu dois dépasser tes propres limites, pas celles des autres.
Jamal: Mon but, et je crois celui de tous, c'est de s'améliorer. Mais on n'a pas toujours les meilleures notes. Avant, j'ai presque été renvoyé à cause de mauvaises notes. Maintenant j'ai des meilleures notes.

 

Plus tard

Vous voulez faire de la danse votre métier ?
Pascal : Quand on partira de l'école, alors on sera des danseurs diplômés. Mais on ne peut danser que jusqu'à 35-40 ans. Après, j'aimerais bien fonder un opéra.
Jamal : Après un certain temps, le corps vieillit. Alors là, j'aimerais bien devenir prof ou bien docteur.

Si vous deviez quitter l'école, qu'est-ce qui vous manquerait le plus : l'école ou la danse ?
Pascal : La possibilité d’aller sur scène. Et bien sûr mes amis.
Jamal : Tout me manquerait. La scène, les amis, les profs. Je fais tout mon possible pour rester ici.



Interview : Alice C., Alice H., Alica, Clara, Coralie et Emmanuelle

Dessins : Alice C., Alica, Clara, Emmanuelle et Sophie

Texte et photos: © Grand méchant loup