En 2007, les jeunes reporters du Grand méchant loup avaient rencontré l'ancien chancelier Helmut Schmidt, décédé le 10 novembre 2015, et qui s'est engagé pour la paix dans le monde et l'Europe. Pendant l'entretien, Helmut Schmidt a fumé comme avec tout le monde, après on est allé sur la terrasse de son bureau, Helmut, sans sa canne, et nous ! Nous publions ici un extrait de l'interview qui n'a rien perdu en actualité.
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Helmut Schmidt : Je suis allé une fois en France lors de la Seconde Guerre mondiale. J'étais messager et je devais transporter des dossiers de Berlin à Paris. J'adorais Paris. Cette ville m'a absolument impressionné. C'est tout ce que j'ai compris de la France, à cette époque. Je vais utiliser une image que vous ne connaissez peut-être pas du tout : pour moi Paris c'était comme une seule et unique ouvre d'art.
Helmut Schmidt : Oui, j'aurais pu me l'imaginer. Mais, c'était la guerre. Et dans ces moments-là, on ne pense pas à des choses comme ça. Et en plus, je n'y suis resté que deux jours.
Helmut Schmidt : Il y a des réponses diverses à ta question. Pour résumer la situation, je te donne un exemple : lorsque tu as sept ou huit personnes assises autour d'une même table, tu obtiens sept ou huit réponses différentes. En tout cas, une chose est certaine. La France et l'Allemagne appartiennent à l'Europe.
Helmut Schmidt : Cela faisait déjà plusieurs années que j'avais quitté mes fonctions. Ce n'est pas quelque chose qui me serait venu à l'esprit. A vrai dire, je n'ai pas vraiment apprécié d'être chancelier.
Helmut Schmidt : La soupe aux petits pois.. Une fois, tous les quinze jours.
Helmut Schmidt : Non, pas à la cantine. Pour tout vous dire, on me l'apportait au bureau.
Helmut Schmidt : Ce qui m'ennuyait, c'étaient les gens avec qui on perdait du temps parce qu'ils parlaient trop, alors qu'on aurait pu dire les choses beaucoup plus brièvement. La plupart des gens parlent trop..
Helmut Schmidt : Da muss ich lange nachdenken... Da fällt mir keine kluge Antwort ein, und eine dumme Antwort will ich nicht geben.
Helmut Schmidt : Sûrement pas. Non, sûrement pas.
Helmut Schmidt : J'aurais aimé avoir moins de chômeurs dans notre pays qu'en réalité. Mais nous avions à faire à un chômage à l'échelle mondiale. Pas seulement en Allemagne, en Angleterre, en France, et aux Etats-Unis également. Dans le monde entier. Et tous les gouvernements se sont donnés du mal pour trouver une solution au chômage. Mais personne n'a pu le supprimer complètement.
Helmut Schmidt : Qu'est-ce que tu peux améliorer chez toi, entre tes quatre murs ? Beaucoup de choses. C'est la même chose pour l'Europe : beaucoup de choses aussi.
Helmut Schmidt: Non.
Helmut Schmidt : Non plus. Dans la plupart des journaux, il y a beaucoup d'articles qui ne sont pas toujours fiables. Dans la vie d'une manière générale, il y a très peu de choses auxquelles on peut se fier. On ne peut pas toujours être sûr de quelque chose qui s'est passé il y a longtemps. Je vais vous donner un exemple.
Helmut Schmidt : L'exemple que je vais vous donner est encore plus ancien : Napoléon. Lorsque vous ouvrez un livre d'histoire français et que vous lisez ce qui est écrit au sujet de Napoléon, c'est tout à fait différent de ce que vous trouverez dans un livre d'histoire allemand. Aux yeux de ces Allemands, Napoléon était quelqu'un de terrible. Mais aux yeux des Français, c'était un grand empereur. Pour ce qui est de l'Allemagne, vous connaissez surtout Hitler, de la Russie, nous connaissons surtout Staline, et les Russes, de leur côté, connaissent des Allemands surtout Hitler.
Helmut Schmidt : Oui. Tu as raison. Là-dessus, tout le monde est plutôt d'accord.
Helmut Schmidt : Je regarde le sport à la télé mais jamais plus d'une demi-heure.
Helmut Schmidt : Je joue du piano.
Helmut Schmidt : Oui. Autrefois, j'écoutais beaucoup de musique, aujourd'hui j'ai des problèmes pour entendre, c'est plus difficile.
Helmut Schmidt : Je n'ai pas souvent peur. Mais, il m'est arrivé d'avoir eu peur, au cours de ma vie. Par exemple, peur de souffrir. Pendant la guerre, on a peur d'être grièvement blessé. Pas vraiment peur de la mort. Mais peur d'avoir mal, de souffrir de blessures graves. Et aujourd'hui, cela me fait encore peur, mais moins que pendant la guerre.
Helmut Schmidt : Ça dépend. Je déteste les sauterelles. Les limaces brunes ou noires aussi. J'aime presque tous les oiseaux et les chevreuils.
Helmut Schmidt : Moi, vous poser une question ? Combien de temps pensez-vous pouvoir parler vos deux langues ? Toute la vie ?
Helmut Schmidt : Oui ? C'est très bien. Je ne connais que deux mots en français et je les utilise rarement. « Oui, Madame ». Si une Française me demande quelque chose je lui réponds toujours : « Oui, Madame ». « Non Madame », c'est déjà plus difficile, mais j'y arrive quand même !
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