Au début du XX siècle, le quotidien des enfants était très différent de maintenant. Il a également changé pendant la guerre où les enfants devaient étudier à l'école mais aussi aider leurs parents et participer à l'effort de guerre. Sebastian Ruff, responsable de la collection "Enfance et jeunesse" de la fondation Musée de la Ville de Berlin, répond aux questions des Grands Méchants Loups.
Entre 1880 et 1920, une même école pouvait accueillir des garçons et des filles, mais ils ne se voyaient jamais. Beaucoup d'écoles avaient une entrée de chaque côté : une pour les filles et une pour les garçons. Et dans les classes, les filles et les garçons avaient cours séparément. Mais il y avait aussi des écoles, surtout dans les plus petites villes ou à la campagne, où les garçons et les filles avaient cours ensemble, comme aujourd'hui.
Les garçons bien en rang devant leur école
La plupart du temps, à l'époque de la Première Guerre mondiale, les écoliers avaient des cartables en cuir. Ils les portaient sur les épaules comme un sac à dos. Souvent, les cartables étaient en cuir ou en tissu noir ou brun, ils étaient plus petits que les cartables d'aujourd'hui. Devant, il y avait un rabat pour les fermer.
Les cartables des garçons avaient un long rabat alors que ceux des filles en avaient un beaucoup plus court.
Dans les écoles de Berlin, les écoliers et écolières ne portaient pas d'uniformes. Mais les professeurs étaient très à cheval sur l'hygiène, la coiffure et l'habillement des écoliers. Le costume de marin était très en vogue auprès des filles et des garçons. Même les garçons de la famille impériale le portaient. Si bien que sur les photos de classe d'entre 1900 et 1920, tous les écoliers semblaient être habillés pareil.
Au musée : nous nous entraînons à écrire avec de vieux porte-plumes
Il y avait beaucoup d'écoles publiques : les écoles élémentaires, les lycées professionnels et les lycées.
Oui, surtout dans les grandes villes. Comme aujourd'hui, les écoles privées étaient payantes, donc seuls les enfants de familles fortunées pouvaient fréquenter ces écoles. Mais certaines écoles publiques, tels les lycées qui permettaient aux élèves d'obtenir le bac, étaient payantes en Allemagne.
En 1910, l'emploi du temps normal d'un collégien dans une ville comportait beaucoup moins d'heures de cours qu'aujourd'hui. Voilà à quoi ressemblait une semaine d'un élève de CM2 :
2 heures de religion, 5 heures d'allemand, 4 heures d'anglais, 1 heure d'histoire, 1 heure de géographie, 4 heures de mathématiques, 2 heures de biologie, une heure d'écriture, 2 heures de dessin, 2 heures de chant, 3 heures de gymnastique et 2 heures d'option : travaux manuels ou jardinage.
A l'époque, les écoliers avaient déjà des livres pour beaucoup de matières. Ce qui était le plus important, c'était le manuel de lecture du cours d'allemand. Il y avait aussi des livres de maths, de biologie et d'anglais. Mais parfois on laissait les livres au professeur et il les distribuait au début du cours.
Dans l'Empire allemand, d'une manière générale, l'objectif était que les cours se fassent en allemand standard. Mais bien entendu, au quotidien, on ne pouvait pas empêcher les élèves et les professeurs de revenir à leurs dialectes lors des cours. En ce qui concerne les écoles qui se trouvent aujourd'hui en Pologne, les cours devaient avoir lieu en allemand. Mais malgré tous ces efforts, beaucoup d'écoles et de professeurs enseignaient en polonais.
En 1914, l'école était déjà obligatoire depuis un certain temps, donc presque tous les enfants allaient à l'école. Mais dans certains cas, les enfants devaient travailler à l'usine ou lors des récoltes, à la campagne. Et parfois, l'argent manquait et les parents ne pouvaient pas payer les frais de scolarité.
Les enfants vendaient des journaux
Oui, surtout à la campagne : il était difficile aussi de contrôler les familles qui travaillaient à la maison. Beaucoup de familles gagnaient de l'argent en fabriquant des jouets par exemple. Les enfants devaient alors aider à fabriquer ces jouets, parfois avant ou après les cours.
Jusqu'en 1914, presque tous les élèves allaient à l'école pendant 8 ans, surtout en ville, pour pouvoir ensuite quitter l'école à 14 ans et commencer à travailler ou effectuer un apprentissage. Le lycée allait jusqu'à l'âge de 18 ans.
Des enfants livrant de lourdes charges
Les professeurs et les pères de famille ont dû partir à la guerre. Les cours étaient annulés de plus en plus souvent à cause du manque de professeurs. Les mères devaient s'occuper des enfants pendant les heures d'école, elles allaient aux réunions de parents d'élèves et signaient les bulletins.
En 1914, beaucoup d'élèves et d'étudiants étaient passionnés par la guerre. Ils participaient à des exercices prémilitaires dès l'âge de 16 ans. On y préparait les jeunes hommes au service militaire, et beaucoup d'entre eux s'étaient déjà portés volontaires pour partir à la guerre. Mais l'enthousiasme des jeunes au début est vite retombé. En 1916, les politiques et l'armée ont ordonné l'envoi des jeunes hommes à la guerre dès 16 ans, mais ça n'a jamais été appliqué. En décembre 1916, tous les hommes entre 18 et 60 ans ont été sollicités pour le "service d'aide pour la patrie". Ce service d'aide, entre 1917 et 1918, a inclus les enfants qui avaient plus de 12 ans.
L'enthousiasme pour la guerre
Pendant la guerre, les élèves étaient souvent sollicités pour les services d'aide en dehors de l'école. À côté des formations prémilitaires, il y avait aussi des services d'aide dans le domaine de l'agriculture, la collecte de matériaux recyclables et de papier, la collecte de vêtements, de combustible, etc... Dans beaucoup de domaines, les enfants ont aidé à remplacer les hommes partis au combat.
Collecte de combustibles