Réponses d'Antoine et Loïc, frères jumeaux et sapeurs-pompiers de 14 ans

Ça représente quoi pour vous le 11 novembre ?

Antoine : Rendre hommage à ceux qui sont morts, on est fiers d’avoir intégré les rangs des pompiers pour leur rendre hommage.

Qu’est-ce que vous faites pour le 11 novembre ?

Loïc : On défile à Gièvres et aussi à Selles avec les grands.

Antoine : Comme il n’y a pas de section de jeunes pompiers à Selles, on va à Gièvres. Et comme notre père est pompier à Selles, on fait aussi le défilé à Selles.

C’est important pour vous qu’on fasse une cérémonie ?

Loïc : Oui, ils se sont battus pour défendre leur pays.

Antoine : Tout à l’heure, à Gièvres, dès qu’ils énuméraient les personnes de Gièvres mortes pour la France, on sent bien qu’on a une émotion, on a presque les larmes aux yeux.

Loïc : Il y a eu presque 19 millions de morts pendant la Première Guerre mondiale, quand on pense à tous ces morts, ça fait des frissons.

Vous pensez que c’est bien de parler des 19 millions de morts de tous les pays ?

Antoine : D’un côté oui, parce que cela donne une idée de l’ampleur qu’a eu la guerre pendant 4 ans, et à la fois non parce qu’il ne faut plus jamais que ça se repasse, c’est horrible. 19 millions, c’est pas rien.

Loïc : 19 millions, j’ai du mal à m’imaginer ce que ça peut représenter.

Ce serait encore pensable une guerre avec les Allemands ?

Antoine : Non, on s’entend bien.

Loïc : Non, Selles-sur-Cher est jumelé à Traben-Trarbach, on va en Allemagne et eux viennent chez nous. Le chef de la caserne, Frank Mittelmann qu’il s’appelle, on l’adore.

Pour lire tout l'interview d'Antoine et Loïc sur les pompiers >>>

 

 

Réponses de la rédaction du Grand méchant loup

Ça représente quoi pour vous le 11 novembre ?

Gaia : Le 11 novembre, c’est l’armistice, une convention signée entre les gouvernements pour arrêter les hostilités en temps de guerre. On célèbre la fin de la Première Guerre mondiale, le 11 novembre 1918.

En France, ce jour est souvent férié, mais en Allemagne, on ignore complétement cette fête, car c’était une défaite pour l’Allemagne.

Lors d’un micro-trottoir sur un pont entre la Pologne et l’Allemagne, personne ne savait ce qu’il s’était passé le 11 novembre. Certains pensaient qu’on voulait parler du 11 septembre 2001 (le jour de l’attentat des deux tours jumelles à New York).

Une personne a même dit que c’était le début de la saison du carnaval. Ce qui est vrai. Cela commence le 11.11 à 11h.

Quelqu'un d'autre a évoqué la Saint-Martin, fête célébrée le 11 novembre dans toute l’Allemagne avec des retraites aux flambeaux. (Pour en savoir plus >>> )

 

 

Greta : Le 11 Novembre est un jour férié en France. On n’en parle pas beaucoup à l’école mais les journaux nous tiennent au courant. Nous les enfants, on ne réalisait pas que c’était l’armistice. On savait seulement que c’était férié et donc qu’il n’y avait pas d’école. Quelques enfants allaient quand même chanter la Marseillaise devant le monument aux morts. Ce n’est qu’en CM2, quand nous avons travaillé sur la Première Guerre mondiale que nous avons compris ce que ça voulait dire vraiment.

Des enfants chantant la Marseillaise lors d'une cérémonie

 

 

Réponses d'autres experts

Que représente le 11 novembre ?

Le 11 novembre n'est pas présent dans la conscience collective des Allemands. Ce n’est certainement pas un jour aussi important qu’en France. En ce qui concerne le 8 mai, c’est différent. Le jour de la fin de la Seconde Guerre mondiale est beaucoup plus présent dans l’esprit des Allemands.

Stephan Steinlein, secrétaire d’Etat au ministère des Affaires étrangères

La Pologne fait partie des pays, des peuples d’Europe qui ont trouvé, à l’issue de la guerre, leur souveraineté. Pour nous, c’est un grand événement que nous fêtons, c’est même le jour de notre fête nationale.

Jerzy Margański, Ambassadeur de la République de Pologne en Allemagne

Les Allemands ont perdu la Première et la Seconde Guerre mondiale, ce n’est donc pas quelque chose auquel on aime penser. En Allemagne, le fait de se souvenir de la guerre est toujours lié à un sentiment de deuil, de faute et de honte. En France, mais aussi aux USA ou en Russie, la guerre c’est aussi, certes, lié à un sentiment de deuil, mais pas de faute ni de honte.

Nikolaus Nützel, journaliste

On racontait toujours une histoire dans ma famille. Le frère de ma grand-mère est revenu de la guerre à moitié fou, il avait été à Verdun. Il avait encore son fusil et il menaçait ses parents et ses soeurs avec. Puis il a vendu toutes les récoltes pour acheter de l'alcool... et ça a duré des années avant qu'il ne sorte de cet état de choc. Ça a tellement marqué le village et la famille qu'on continuait encore à en parler 70 ans après.

Max Maldacker, chef de cabinet de l'Ambassadeur d'Allemagne en France

Reportage : Anissa, Dagmara, Greta et Gaïa
Images : Alina, Anissa, Dagmara et Gaïa (Rédaction du Grand méchant loup)
Textes et images © Grand méchant loup | Novembre 2014