Ca va être des journées très longues et très intenses
Une interview des jeunes reporters du Grand méchant loup avec Merryl Wilson, volontaire de l'OFAJ pour la Coupe du monde de foot féminin, avant et après le match Allemagne-Canada.
Pour organiser un grand événement comme une Coupe du monde, il faut compter sur l'aide de bénévoles. On les appelle les volontaires. Merryl, 23ans, étudiante originaire de Paris, fait ses études en ce moment à Berlin. Elle participe à un projet de l'Office franco-allemand pour la Jeunesse (OFAJ) avec 50 autres Français et Françaises. Accompagnés de volontaires allemands, ils vont aider tant les joueuses que les supporters dans les différentes villes où auront lieu les matchs.
Merryl (sur la photo avec Christina, sa partenaire allemande) nous raconte :
AVANT ...
Comment êtes-vous devenue volontaire en Allemagne ?
Grâce à un programme de l'OFAJ. Ils cherchaient des gens et je me suis présentée avec une amie allemande qui étudie le français.
C'est important que les volontaires viennent de différents pays ?
Une partie vient de France et le reste vient d'Allemagne. C'est un partenariat spécial avec l'OFAJ. Il y a plus d'Allemands que de Français parce que les Français doivent parler allemand.
Pouvez-vous nous parler de votre travail ?
Nous sommes là de mercredi à dimanche, neuf à dix heures par jour. Ça va donc être des journées très longues et très intensives. Mais ce n'est que pour 5 jours.
Est-ce que vous allez être indemnisée d'une manière ou d'une autre ? Par exemple avec des places pour les matchs ou de l'argent ?
Non, on ne reçoit pas d'argent. C'est le principe du volontariat. Mais on nous offre les tenues de sport que l'on doit porter pendant la Coupe du monde. Il y en a 5 ou 6.
Vous travaillez 5 jours pour une tenue de sport ?
Notre intention n'est pas de gagner de l'argent mais de vivre un évènement franco-allemand. On rencontre plein de jeunes d'Allemagne et de France.
Et vous serez combien de volontaires ?
Nous sommes 40 pour la cérémonie d'ouverture mais il y a en tout 300 volontaires pour le match à Berlin. Les autres volontaires s'occupent du public et des équipes.
Vous vous intéressez au foot ?
Pas vraiment. Je m'intéresse au sport mais pour être honnête, je n'ai jamais vu un match de foot féminin.
Vous aviez déjà entendu parler du foot féminin avant ?
Ni en France, ni en Allemagne. Quand je dis à mes amis que je suis volontaire pour la Coupe du monde, ils me disent qu'ils n'ont encore jamais vu un match de foot féminin. On en entend un peu plus parler en Allemagne en ce moment. Mais je n'avais pas dû faire vraiment attention jusque-là.
Est-ce que la Coupe du monde va changer quelque chose ?
Si la France gagne, peut-être. Mais les matchs ne sont pas retransmis à la télé. J'ai demandé à ma mère si elle allait regarder le match d'ouverture pour que je lui fasse un petit coucou. Mais ni TF1, ni France 2 ne retransmettent les matchs, il n'y a que les chaînes câblées comme Direct8 ou Eurosport. A part le tennis, je ne connais pas de sport féminin qui soit diffusé à la télé. Le basketball féminin n'est pas diffusé, le handball féminin non plus alors pourquoi le foot féminin le serait-il ?
Vous trouvez que les joueuses de foot sont considérées comme des garçons manqués ?
On a toujours en tête que le foot, c'est un sport d'hommes. Quand on regarde un match de foot féminin, on a l'impression de regarder un autre sport. J'ai vu un petit extrait sur internet et je trouvais ça beaucoup plus féminin.
Ça ne vous dirait pas de faire du foot ?
Je ne suis pas très sportive, je préfère le théâtre. J'ai joué au foot à l'école, comme tout le monde. C'était sympa, mais sans plus.
....et APRÈS
Comment est-ce que cela s’est passé ?
Et bien, très bien. C’était encore plus intensif que ce que j’imaginais, parce qu’on n’a pas travaillé aussi longtemps que ce que je pensais. Le fait d'être dans l’ambiance « coupe du monde » a fait que même le soir, quand on rentrait à la maison, on était encore dans cette ambiance, on ne pouvait pas vraiment faire quelque chose à côté. Donc c’était cinq jours entièrement « coupe du monde », c’était super, on a rencontré plein de monde et plein de gens intéressants.
Avez-vous été impressionnée par l’ambiance?
Oui, surtout le jour où on a regardé le match d'ouverture à Berlin tous ensemble. Il y avait une ambiance de folie, on avait une vue exceptionnelle, on était tout seul sur les escaliers, on voyait le stade entier, pile en face de l’écran, enfin, super-impressionnant! Et le stade était plein, 74.000 personnes.
Qu’est-ce qui vous a plu dans cette expérience?
En premier, rencontrer des gens, parce qu’il y
avait une ambiance vraiment top, entre les volontaires et les petits élèves qui parlaient deux-trois mots de français, donc c’était assez sympa à vivre. Ensuite, après le final du match tous ensemble sur les escaliers, tous les volontaires, on avait une petite surprise, on a rencontré Steffi Jones, le président allemand, M. Wulff et sa femme.
Vous avez accompagné un groupe d'élèves ?
Oui, on avait chacune notre groupe de petits "Français", en fait ils étaient allemands. Comme on était le tandem franco-allemand de l'équipe, on a eu la France. C'était marrant parce qu'on s'est mis dans l'ambiance « On représente la France », on avait des drapeaux français sur la tête pour créer une dynamique de groupe, pour que lorsque les enfants rentrent dans le stade, ils disent tous : « Frankreich!», « Frankreich! »., et ça a fait une sorte de petite compétition entre nos groupes, qui a le meilleur groupe, qui est celui qui crie le plus fort, pour mettre le plus d’ambiance dans le stade.
Tous les volontaires étaient de deux pays ?
Non, les autres avaient par exemple la Guinée Équatoriale ou la Norvège, et la plupart étaient allemands. Dès l’instant où on a travaillé ensemble, Christina et moi, c’était le but de faire un tandem franco-allemand pour faire chacune les mêmes choses avec nos petits Français, et ça a bien marché.
Donc c’est une bonne iniative ?
Moi, j’ai fait cela pour le franco-allemand, pas pour le foot. On n'était qu'un tandem parmi plein d'autres volontaires, donc la question était : Comment est-ce qu'un tandem franco-allemand peut s'insérer dans un groupe de volontaires internationaux? De ce côté-là, ça a bien marché.
Est-ce que vous aimez plus le foot à présent ?
J’ai regardé deux matches en quinze jours, Allemagne-Canada et France-Nigéria donc on peut dire « oui », je pense. Ça change, sachant que je n’ai pas regardé de match avant!
Interview : David et André
Illustrations : Jean-Victor & Emil
Photo avec Volunteers-Motiv © OFAJ
Photo volontaires: © FIFA
Photos Merryl Wilson et textes ©Grand méchant loup | Böser Wolf - 2011
www.mechant-loup.schule.de