" Notre succès est dû à nos familles "
Une interview des jeunes reporters du Grand méchant loup avec
quatre joueuses de l'équipe nationale jordanienne
Reema Mussa'ada, Enshirah Alhyasat, Alaa Abu Kashieh et Farah Al Badarneh
Pendant l'interviews : à gauche les Grands méchants loups, à droite (en blanc) les footballeuses,
devant (en rouge) notre interprète et organisatrice de la rencontre Asia Afaneh-Zureiki
L'équipe nationale de football féminin a remporté la première ARAB Cup 2010 à laquelle ont participé huit équipes venues de pays arabes.
Les gagnantes ont pu participer à un camp d'entraînement en Allemagne dans le cadre de la Coupe du monde 2011.
L'interview ci-dessous a eu lieu avant le match contre l'équipe du club Türkiyemspor de Berlin :
Le FOOTBALL en JORDANIE
Depuis quand jouez-vous au foot ?
Nous jouons depuis cinq ans à peu près.
Vous avez quel âge ?
La plupart des joueuses de l'équipe ont entre 19 et 20 ans.
Comment vous en est venue l'idée ?
On a commencé à l'école, on allait à des cours facultatifs de foot..Puis au fur et à mesure, de plus en plus de clubs pour filles se sont créés. Il existe depuis longtemps des clubs de foot pour filles en Jordanie ?
Ça devient de plus en plus populaire depuis cinq ans. En 2005, il y avait seulement quatre clubs et à l'heure actuelle, il y en a neuf. Les filles peuvent même suivre une formation pour devenir entraîneur entre-temps.
Depuis quand les femmes ont-elles le droit de jouer au foot en Jordanie ?
Difficile à dire. Ça n'a jamais vraiment été interdit. Ça s'est développé tout seul. Mais il faut dire que nous venons de Amman, la capitale. On ne peut pas vraiment comparer cette ville aux autres. Amman est une ville très ouverte.
Il y a beaucoup de femmes qui s'intéressent au foot en Jordanie ?
Oui, il y a un très grand intérêt pour ce sport. De plus en plus de filles veulent jouer au foot. Même les écoles ont découvert cet intérêt et se concentrent maintenant sur le foot féminin.
Que disent votre famille, vos amis, du fait que vous jouiez au foot ?
Au début c'était un peu compliqué vu que c'était considéré comme un sport d'hommes. Casser ce préjugé a mis du temps, mais maintenant le foot féminin est de plus en plus apprécié. Au fond, notre succès est dû à nos familles. Et plus nous avons de succès, plus nos familles nous soutiennent. Elles sont fières de nous et se réjouissent avec nous.
Les femmes n'ont pas le droit de jouer devant les hommes en Iran. Comment c'est en Jordanie ?
On n'a pas ce problème. Chez nous c'est normal, on s'entraîne au même endroit et il y a même des garçons qui s'entraînent avec nous des fois.
Combien de fois par semaine vous entraînez-vous ?
Ça dépend. Au début de l'année, on avait trois entraînements et trois matchs par semaine. Mais des fois, on s'entraîne jusqu'à six fois dans la semaine avec des matchs en plus.
Est-ce que vous devez travailler à côté ?
La plupart d'entre nous étudient ou vont encore à l'école. Ça serait évidemment pratique si nous pouvions toucher de l'argent pour pouvoir nous concentrer seulement sur le foot. Mais ce n'est pas encore le cas.
Comment êtes-vous considérées par vos collègues masculins ?
Très bien. Nous nous motivons mutuellement et puis après tout, nous avons le même objectif, nous jouons tous pour le même pays.
C'est dur de jouer au foot quand il fait très chaud ?
Ce n'est pas un problème. En fait, en Jordanie il ne fait pas aussi chaud que dans les autres pays du Golfe. Nous avons beau temps. Il faudrait que vous veniez en Jordanie pour en profiter.
L'équipe nationnale jordanienne avant le match à Berlin en juillet 2011
Est-ce que vous êtes connues en Jordanie ?
Oui, nous sommes connues. La pub s'intéresse à nous ces derniers temps. Nous sommes de plus en plus sponsorisées et devenons donc de plus en plus connues. Mais pas seulement en Jordanie, ça s'étend lentement aux autres régions arabes.
Est-ce que vous jouez contre d'autres équipes de Jordanie ?
On n'a pas vaiment d'adversaires de notre niveau en Jordanie. Il y a dans notre équipe les meilleures joueuses du pays. On peut soit jouer contre des équipes moins fortes, soit jouer contre des garçons plus jeunes que nous. Et sinon, on joue contre des équipes en dehors de la Jordanie.
Et ça arrive souvent ?
Ce n'est pas régulier. Depuis décembre, nous avons un programme de matchs. On a déjà joué contre la Tunisie, deux fois contre une équipe du Bayern de Munich. En mai, on était en Hollande et on a joué deux matchs là-bas. On a joué à Stuttgart il n'y a pas longtemps et maintenant on joue à Berlin.
ARAB CUP
Vous avez gagné l'Arab-Cup. Est-ce que les autres équipes étaient fortes ?
Nous avions le même niveau que les Égyptiennes. Les équipes de la Palestine et du Bahreïn sont nouvelles et donc inexpérimentées. Leur niveau est légèrement inférieur.
Avant le match à Berlin, une dernière concertation
Est-ce que toutes les équipes jouent avec le voile ?
Non. En Jordanie, il y a beaucoup de chrétiens. Notre équipe est composée de joueuses chrétiennes et musulmanes. Elles décident elles-mêmes de porter le voile ou pas. Il y a en tout cinq joueuses voilées dans notre équipe.
Il y avait combien de spectateurs pendant les matchs ?
Pas beaucoup, peut-être un millier.
Est-ce qu'il va y avoir une autre Arab-Cup ?
On espère. Mais sinon il y a aussi un championnat à l'intérieur de la ligue arabe.
Espérez-vous une qualification pour la prochaine coupe du monde de foot féminin ?
Évidemment, c'est le rêve de chaque joueur de participer à une coupe du monde et pourquoi pas de la gagner.
VISITES et FOOTBALL à BERLIN
Vous avez visité Berlin ?
Oui. En deux jours, on a eu le temps de voir beaucoup de choses. C'est un très belle ville.
Qu'est-ce que vous allez faire pour votre dernier soir ?
On va regarder le match France-Allemagne et encourager les Allemandes...
Nous, on est Franco-Allemands. Donc, on ne sait pas pour qui on est.
Encouragez les Etats-Unis alors !
Chokran (merci en arabe) et bonne chance pour votre match !
A la fin, les Jordaniennes ont battu les footballeuses du Türkiyemspor Berlin
9:1 - Bravo !!!
Interview : Alina, David et Emmanuelle
Photos : André
Dessins : Alina
Photos, texte & dessins © Grand méchant loup|Böser Wolf e.V.
Juillet 2011 | www.mechant-loup.schule.de
Nous remercions tout particulièrement L'Institut Goethequi a permit cette interview ainsi qu'Asia Afaneh-Zureiki pour la traduction !