« Cela ne fait pas si longtemps que

les femmes ont le droit de jouer au foot. »

 

Une interview avec trois footballeuses de l'équipe du 1. FFC Turbine Potsdam

 

Le Grand méchant loup est allé jusqu'à Potsdam pour assister à un match des Turbines, l'équipe du club de foot féminin de Potsdam. Les Turbines ont bien évidemment remporté le match, 7 à 1, car elles font partie des plus grandes du foot, elles sont championnes d'Allemagne. On a parlé à trois d'entre elles, Arianne Hingst, Anja Mitta et Britta Carlson, c'était en 2005. Arianne Hingst joue entre temps à Francfort, Anja Mittag et elles font partie de l'équipe nationale allemande. Britta Carlson est "ambassadrice" pour la coupe du Monde qui aura lieu en Allemagne en 2011. Les trois joueuses nous ont raconté comment c'était d'être footballeuses et championnes du monde.

Vous rêviez de faire quel métier quand vous étiez enfant ?

Anja : Policière.

Britta : Je ne sais plus. Pompier, ça me plaisait bien, enfin, femme pompier, mais bon, il n'y en a pas beaucoup.

Ariane : Footballeuse professionnelle. En CE2, on devait faire une rédaction, c'était la première de ma vie, et j'ai écrit que je voulais devenir footballeuse professionnelle.



Vous avez toujours bien joué ?

Ariane : Non, mais j'ai commencé petite, heureusement, je me suis améliorée depuis. Sinon, je ne serais pas ici !

Au début, vous jouiez au foot avec des garçons ou avec des filles ?

Anja : J'ai commencé avec des garçons, en club. Et puis, à partir d'un certain âge, je n'ai plus joué qu'avec des filles.

Ça vous énerve qu'on se moque parfois du football féminin ?

Anja : Je n'ai jamais vraiment remarqué qu'on se moquait du football féminin. Grâce à la coupe du monde et grâce aux victoires, il y a de plus en plus de gens qui nous respectent. Dans les générations plus âgées, même les hommes trouvent ça bien maintenant, et ils aiment bien regarder les matchs.

Est-ce qu'il y a des équipes féminines dans tous les pays ?
Ariane : Non, pas vraiment. Par exemple, en Afghanistan, il y a des femmes qui ont le droit de jouer. Elles doivent prendre certaines mesures pour que personne ne les voit. Elles jouent entièrement voilées, mais au moins maintenant, elles ont le droit de jouer. Les femmes n'ont pas les mêmes droits dans tous les pays.

Britta : Cela ne fait pas si longtemps que les femmes ont le droit de jouer au foot. C'est seulement depuis le milieu des années 70, je crois.

Pouvez-vous nous raconter comment se déroule une journée de match, une journée comme aujourd'hui par exemple ?
Ariane : Aujourd'hui, c'était bien. On n'a joué qu'à 15 heures, donc on a pu dormir longtemps et déjeuner tranquillement. Comme on joue à domicile, on se retrouve une heure et demie avant le match. Là, on se concentre un peu sur le match et puis on part pour le stade. Il y a peut-être des bandages à faire au cas où quelqu'un a une blessure au pied. Puis l'entraîneur arrive, on parle un peu du match, puis on va sur le terrain et on s'échauffe. Après le match, soit on fête notre victoire, soit on est un peu triste parce qu'on a perdu.

 

Qu'est-ce que vous faites quand vous avez gagné ? Boire du vin, jouer au bowling, aller au cinéma ?
Anja : Ça dépend. Après les grandes victoires, on sort toutes ensemble, on va boire un verre ou danser, mais comme aujourd'hui, chacune rentre de son côté. Après, on va se coucher de bonne heure pour aller travailler le lendemain.


Et quand vous perdez, vous faites quoi ?

Britta : On cherche des coupables. On dit : « C'est l'entraîneur ».

Est-ce que vous êtes encore footballeuses quand vous dormez ?
Anja : Non, pas moi, quand je dors, je décroche. Bien sûr, ça arrive qu'on rêve de foot, mais on aime bien aussi ne plus y penser.


De quoi avez-vous le plus peur ?
Ariane : De l'avion. Avec l'équipe, on prend souvent l'avion et plus je le prends, plus j'ai peur. Par exemple, pendant le décollage ou lorsqu'il y a un orage. Il y a des moments où j'aimerais mieux ne pas monter dans l'avion.
Anja : Je pense qu'on a tous beaucoup d'angoisses, la pire, c'est la peur de la mort.
Britta : Moi, j'ai peur de me blesser. Malheureusement, je me suis déjà blessée plusieurs fois, et ça m'a, à chaque fois, bloquée pour un ou deux ans. Si je me blesse grièvement encore une fois, je devrai arrêter le football.

Interview: Emilia Anastasia et David

Dessins:

Textes, Dessin et Photos: © Grand Méchant Loup - eEducation Masterplan Projekt

- Janvier 2007