Jeanette Ast est depuis 2002 à la Bundeswehr, l'armée de la République fédérale allemande. Ce n'est que depuis 2001 que les femmes ont accès à tous les domaines de la Bundeswehr, et peuvent donc aussi devenir officier.
C'était un rêve de jeunesse. Après le bac, comme je suis très sportive, j'ai voulu faire un métier où on bougeait. Des voisins m'ont donné l'idée d'entrer à l'armée et ça a marché.
Au début, ils trouvaient ça plutôt bizarre parce que c'était nouveau et peu commun. Mes amies, elles, ont choisi l'hôtellerie ou la gastronomie. Mais elles trouvaient ça bien que ce soit un métier inhabituel pour les filles. Non, on m'a encouragée, même ma famille.
Au départ, il y a une formation de base qui dure trois mois, la même pour tous. Après, on se spécialise, il y a plusieurs domaines : l'armée de terre, de l'air, la marine... Moi, j'ai fais une formation dans l'armée de terre, dans la défense. Et puis j'ai suivi la carrière d'officier.
Comme c'est l'armée allemande, parler allemand est obligatoire. C'est bien de savoir l'anglais, mais c'est juste un plus. Par contre, pour être officier, il faut connaitre l'anglais.
J'ai longtemps travaillé dans la défense, j'étais en troupe avec les soldats que je commandais. J'en étais responsable et j'allais en mission avec eux. En ce moment, j'exerce une activité "assise", je suis au bureau devant l'ordinateur. Je planifie et mets sur papier ce qui doit être réalisé.
Chaque journée se déroule autrement. On a beaucoup de soldats sous son commandement et chacun a ses petits problèmes, ses petits soucis. Le matin de bonne heure, on fait l'appel et on contrôle si tout le monde est là. Après, j'ai revu avec eux le plan de la journée : ou entraînement au tir ou exercice sportif, ou formation générale ou spécialisée dans les armes, parfois de la marche. C'est comme ça que j'accompagnais mes soldats de 7h à 16h30.
On demande la même chose aux femmes qu'aux hommes. En sport et dans les marches, il y a un programme allégé. Pour certaines femmes, c'est très très dur. Mais beaucoup de femmes arrivent à faire les mêmes exercices que les hommes.
Ni quand je suis en mission, ni quand je travaille ici. C'est pas mon genre. Mais il y a des femmes qui se maquillent légèrement.
Ça a été pendant des années un domaine masculin, alors quand les femmes arrivent, c'est normal que ce ne soit pas évident pour tous. En dix ans, beaucoup de choses ont changé. On s'est habitué à ce qu'il y ait des femmes un peu partout dans l'armée. Au début, il a fallu montrer qu'on était autant capables que les hommes.
Les deux. A l'époque, j'avais 45 hommes et 7 femmes sous mon commandement.
Moi, je me suis décidée pour mon métier, fonder une famille ce sera pour après. Mais j'ai des camarades femmes officiers qui ont des enfants et ce n'a pas été un problème pour la Bundeswehr.
Quand on s'engage dans la Bundeswehr, on s'engage aussi à faire des missions à l'étranger. C'est moi qui ai voulu partir en Afghanistan, je me suis inscrite volontairement, c'était un défi pour moi.
Quand on est à l'étranger, on est soldat 24 heures sur 24. On commence aussi la journée à 7 h, on regarde si tout le monde est bien là, et après chacun a une occupation précise dans son champ d'activités. Moi, j'étais responsable de l'eau, on faisait de l'eau propre en partant de l'eau sale pour que les soldats puissent se doucher, se brosser les dents...
Les conditions météorologiques ne permettaient pas de ressentir l'atmosphère hivernale de Noël. Il faisait dans les 12 C°. Mais on a tout de même essayé de rendre cette période de fêtes le plus agréable possible aux soldats qui étaient loin de leur pays et des gens qui leur étaient chers. Chaque dimanche de l'Avent, le soir, un petit marché de Noël avait lieu au camp de Mazar-e-Sharif. On pouvait y trouver des gaufres faites sur place, boire un vin chaud, écouter de la musique de Noël et manger une saucisse grillée ou un steak.
Là où l'on habitait et travaillait, il y avait des décorations de Noël, si on le désirait. De vrais sapins ont été organisés, avec des guirlandes et des décorations, le tout avait un petit air de fête bien agréable.
Beaucoup de soldats ont partagé les gâteaux et sucreries qu'ils avaient reçus avec tous les autres si bien que ceux qui n'avaient eu ni courrier ni paquet en ont moins souffert. Ça montre qu'à la période de Noël, quand on est en mission à l'étranger, on se rapproche encore plus les uns des autres.
C'est plutôt un désavantage. Dans ces pays, la femme est moins considérée que l'homme.
Différemment. Certaines personnes en Afghanistan acceptent notre culture comme nous acceptons la leur, et ils savent qu'une femme peut aussi bien décider de certaines choses qu'un homme. Parfois, on remarque que l'interlocuteur préfèrerait parler "d'homme à homme". Et comme on ne se déplace jamais seul, dans ces moments-là, je me retire d'un pas pour les laisser parler entre eux.
En Afghanistan, c'est impossible de partir tout seul visiter le pays. On passe son temps libre au camp. On fait du sport, il y a une salle de musculation où on peut se dépenser. Un des jours les plus importants, c'est le jour du courrier. On reçoit les nouvelles de chez nous. On se retire pour les lire, ça fait toujours plaisir. On lit aussi des livres ou on regarde la télé. On regarde même des émissions qu'on aurait pas regardées avant. On s'occupe.
J'ai eu la chance de ne jamais y être mêlée. Mais la peur est là quand on est sur le terrain. Quand on dit qu'on n'a pas peur, on n'est pas honnête envers soi-même.
Si quelqu'un a envie de s'engager dans l'armée, je l'encouragerais évidemment. On apprend à connaître beaucoup de gens, beaucoup de pays, on suit une bonne formation. On est poussé, soutenu, on connait la camaraderie. Qu'est-ce que ça veut dire ? Par exemple, dans votre classe, c'est la solidarité. Il y a un sentiment de communauté qui se développe. Et c'est super.