« Finalement, tout cela, c’est du cinéma… »

Interview avec Kamir Meridja, réalisateur du court-métrage Théorie de l’univers

Le cinéma allemand, c'est quoi ? C'est la question que nous a posée le réalisateur Kamir Meridja. Au-delà des frontières de l’Allemagne, on connaît surtout les films qui traitent ou bien des nazis, ou du passé, ou de la RDA. Il y a La Vie des autres. Et sinon il y a Sophie Scholl et Der Untergang / La Chute. Kamir Meridja trouve dommage que peu de films d'essais du cinéma allemand soient connus en France. Et c'est la même chose avec le cinéma en France : « Il y a tout ce monde du court métrage qu’on découvre maintenant », nous dit-il. Eh bien nous, on aimerait vous faire découvrir ce jeune réalisateur du film Théorie de l’univers, prix du Jury au festival Selluloïd 2008.

 

Vous avez commencé quand à faire du cinéma ?
Quand j’avais cinq ans… Non, je plaisante. Je ne sais pas exactement, je ne sais pas comment on peut situer le passage, mais je me souviens que, quand j’étais lycéen, avec des amis, on récupérait une caméra et on tournait des petits films entre nous.

Y a-t-il des films qui vous ont particulièrement influencé ?

Pas consciemment en fait… En fait, je me suis aperçu que j’enregistrais beaucoup les choses, mais sans forcément m’en apercevoir.

Comment vous est venue l’idée de ce personnage principal ?
Alors, ce n’est pas complètement autobiographique, mais je voulais un personnage qui soit très peu impliqué dans la vie des autres, c’est-à-dire qui soit tout le temps en train d’observer les autres et toujours en train d’espérer vivre des choses mais sans jamais les vivre, donc tout le temps dans le rêve, dans le fantasme, c’était mon premier choix. Je voulais aussi que ce soit un personnage physiquement très proche du personnage clownesque, c’est-à-dire assez maladroit dans sa façon de se déplacer et d’être avec les autres et en même temps assez touchant, justement parce qu’il est maladroit, parce qu’il est un peu à l’écart.

L’acteur, vous le connaissez bien ?
Oui, très, très bien ! Ce comédien, Flavien Tassart, a fait l’école de la Comédie de Saint-Etienne, une école de théâtre assez importante. On s’est rencontré là et on a commencé à travailler ensemble sur un autre projet collectif, un film. Comme j’avais déjà écrit ce scénario, j’ai trouvé qu’il était parfait pour interpréter ce personnage. Pratiquement tous les gens que vous avez vus à l’écran sont de Saint-Etienne en fait.

Vous partagez la vision de la vie de votre personnage ? Vous avez dit que ce n’était pas entièrement autobiographique.
Non, sur certains points. Oui, parce que cela reste quand même une écriture personnelle. Je suis très respecteux des gens qui vivent seuls, ou même s'ils vivent avec des gens, qui ont un très fort sentiment de solitude, et qui imaginent d’autres vies.

C'est la partie autobiographique...

Je pense qu’à un certain niveau, on a peut-être tous quelque part une façon de rêver, une façon d’imaginer ce que l’on pourrait faire ou ne pas faire. Ce sont des choses que j’aime vraiment beaucoup, sur des vies possibles ou pas.

Le tournage a duré combien de temps ?
Le tournage en lui-même a duré 15 jours. Mais bon, c’est à peu près six mois de préparation, 15 jours de tournage, et pratiquement un an de montage, mixage, postproduction.    

Normalement, un producteur est là pour faire toute la préparation du film, c’est-à-dire que c’est lui qui est censé chercher de l’argent pour pouvoir faire le film, préparer l’organisation du tournage, et quand le film est tourné, c’est le producteur également qui gère toute la postproduction, c’est-à-dire tout ce qui va être le montage, le mixage, le travail sur le son, etc… Comme là, je n’avais pas de producteur, je me suis retrouvé devoir tout faire quoi, donc c’est beaucoup plus long, mais bon on y arrive.

C’est un choix de ne pas avoir de boîte de production ?

Non pas du tout. C’était une contrainte énorme. Déjà il faut savoir qu’en France, les boîtes de production se trouvent à Paris et moi, étant de Saint-Etienne, c’est un peu plus difficile d’avoir à convaincre un producteur de défendre votre film. Saint-Etienne, ce n’est pas une ville de cinéma, ce n’est pas une ville de pratique cinématographique.

Ça vous a apporté quelque chose ?

Oui, en même temps, c’est intéressant parce que j’ai pu apprendre plein de choses sur le métier de producteur, comment fabriquer un film, donc je me prépare pour la prochaine fois, d’une certaine façon.

Vous êtes assez lié au thème du clown, du cirque…. Il y a des raisons ?

En fait, moi, j’aime bien tout ce qui est de l’ordre du spectacle, de la mise en scène. C’est-à-dire donner les clefs au spectateur, lui dire que finalement tout ce que l’on voit, ce n’est que du spectacle, que du cinéma, qu’une représentation de quelque chose. C’est quelque chose qui m’attire beaucoup. C’est pour cela que dans mon film, j’ai beaucoup joué avec les références cinématographiques pour dire finalement que tout cela, c’est du cinéma…

Où est-ce que vous avez appris à faire des films ?
J’ai appris, - enfin je ne sais pas si j’ai fini d’apprendre, parce qu’il y a encore plein de choses - comme je le disais, avec des amis. On tourne des choses, on s’inspire un peu de ce que l’on voit au cinéma, voilà, on apprend, on fait des erreurs, on apprend ensuite à améliorer ses erreurs.

Merci !

 

Retranscription de Frederick Soleil


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