Flèche

Rencontre avec Maurice Gourdault-Montagne

Être ambassadeur de France en Allemagne


Maurice Gourdault-Montagne était ambassadeur de la France en Allemagne de 2011 à 2014. Il est maintenant ambassadeur de la France en Chine. Il a rencontré les journalistes du Grand méchant loup pour parler de la France et de l'Allemagne.

Dessin

Le français et l'allemand

Depuis quand parlez-vous allemand ?

Dessin du livre L'Allemand facile.

Maurice Gourdault-Montagne: depuis la sixième. J'appartenais à une famille où l'on parlait allemand. On avait fait la guerre contre les Allemands, mon père avait été prisonnier de guerre, mes deux grands-pères avaient fait la guerre de 1914-1918, mais on admirait l'Allemagne tout de même. On respectait la culture allemande parce que c'était la philosophie, la littérature, la musique. D'une certaine mesure, l'Allemagne était un pays ennemi, mais c'était un peu une partie de nous-mêmes. Donc mon père m'a dit : « Tu vas apprendre l'allemand parce que c'est important.». Et j'ai pris goût à l'allemand.

Et maintenant, vous pensez que c'est important d'apprendre l'allemand ?

Maurice Gourdault-Montagne: maintenant, on est dans une relation de partenariat, d'amitié, de construction de l'Europe, donc il faut savoir l'allemand plus que jamais.

Les différences entre les deux pays

Vous avez dit que vous aimiez rencontrer des gens différents. Mais qu'est-ce que vous appelez différent ? La culture, la personnalité ?

En Bavière, ce n'est pas comme à Hamburg ou dans le Brandenbourg.

Maurice Gourdault-Montagne: la personnalité d'abord. On est tous différents les uns des autres. Donc il faut accepter que les autres soient différents. Mais j'aime bien la dimension culturelle. Les Allemands sont très différents de nous. Par leur mode de vie, par les régions dans lesquelles ils vivent, par le climat, les modes alimentaires. Les Allemands eux-mêmes d'ailleurs sont différents les uns par rapport aux autres. Quand vous êtes en Bavière, ce n'est pas la même chose que quand vous êtes à Hambourg. Dans le Bade-Wurtemberg, ce n'est pas comme dans le Brandebourg.

En Allemagne, il y a trois cents sortes de pain. Nous, on a trois cents fromages.

Allez dans une boulangerie allemande, regardez, il y a trois cents sortes de pain. Nous, on a trois cents fromages, voilà les différences. Donc, on se connaît et on se complète. Les différences amènent à trouver chez les autres les choses qu'on n'a pas soi-même.


L’amitié franco-allemande

L’amitié franco-allemande c’est quelque chose de vraiment spécial pour vous ?

Maurice Gourdault-Montagne: je pense qu’il faut toujours se rappeler qu’on revient de très très loin. Je vais vous raconter une anecdote. Quand j’avais 17 ans, j’ai dit à ma grand-mère, je vais venir avec un copain allemand. Ma grand-mère avait été infirmière pendant la Première Guerre Mondiale pendant 4 ans. Elle était volontaire, donc bénévole, dans une gare à Paris où Chez ma grand-mère avec mon copain allemand.arrivaient les blessés du front. Elle triait les blessés, on n’avait pas les moyens d’opérer tout le monde. Donc elle avait vu la misère de la guerre chez les soldats. Ces soldats, ça pouvait être son frère, son oncle ou son père qui arrivaient. Dans la famille, on respectait la culture allemande mais on n’aimait pas trop voir les Allemands. Ma grand-mère m’aimait bien, elle ne pouvait pas dire non, donc elle me dit, d’accord amène ton Allemand. Je viens avec mon copain et on a dîné. Elle a été très sympa avec lui. Ça s’est très bien passé. Après elle m’a dit : tu sais, si on m’avait dit qu’un jour mon petit-fils amènerait un Allemand dîner chez moi, je ne l’aurais jamais cru. Voilà d’où l'on vient. C’est pour ça que pour moi la relation franco-allemande, c’est quelque chose d’extrêmement précieux. Aujourd’hui je me dis: heureusement que nous avons des Franco-allemands. Ce sont eux qui portent la relation franco-allemande. Le franco-allemand c’est fondamental, sans le franco-allemand, il n'y a pas de stabilité. Donc on est obligé de s’entendre.


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Interview : Chloé, Emil, Emmanuelle & Ulysse
Dessins : Alina, Anastasia et Jean-Victor
Texte et dessins : © Grand méchant loup - Octobre 2012
drapeau allemand